Nos rédacteurs ont repéré un éditorial sur le web dont la thématique est «la justice».
Le titre troublant (Tribunal de Chartres : l’exhibitionniste a été hospitalisé d’office) synthétise tout le texte.
L’écrivain (annoncé sous le nom d’anonymat
) est connu et fiable pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur internet.
Vous pouvez lire ces informations en toute tranquillité.
La date de publication est 2022-07-27 02:53:00.
L’article :
« Il dégage une sensation d’étrangeté », a noté l’expert psychiatre qui a expertisé le jeune homme de 19 ans.
Au tribunal correctionnel, le regard vide et fuyant, les bras croisés, totalement amorphe, son visage ne se départit pas d’un léger sourire, dont on a du mal à saisir le sens.
L’homme ne serait pas en possession de toutes ses facultés. « Un sujet aux tendances schizoïdes », a diagnostiqué le psychiatre, avant de conclure à « une abolition de son discernement au moment des actes qu’il a commis ».
En clair, le médecin conclut à l’irresponsabilité pénale du jeune homme, qui doit cependant s’expliquer sur ses actes du 21 avril, en fin de matinée, au CCAS (Centre communal d’action sociale) de Gallardon.
Un endroit qu’il connaît bien. Depuis de nombreuses années, il est pris en charge par le centre. Son personnel s’est d’ailleurs pris d’affection pour ce jeune homme en déshérence depuis sa prime jeunesse.
« On ne peut pas vivre comme ça ! »
Selon le rapport du président d’audience du tribunal, alors qu’il attendait son tour, assis dans la salle d’attente, il a glissé ostensiblement sa main dans son pantalon, en fixant du regard l’une des employées du CCAS, pour laquelle – il l’a affirmé plus tard – il aurait éprouvé du désir. Ses gestes n’ont laissé aucun doute aux personnes présentes. Il était en train de se livrer à un plaisir solitaire.
« Qu’est-ce que tu fais ? Arrête tout de suite ! », lui a ordonné l’une des employées. « Je n’en ai rien à foutre », rétorque le jeune homme, selon les éléments déclinés à l’audience. « Je fais ce que je veux », a-t-il assuré, en continuant à se masturber.
premium Il tente de s’évader du tribunal de Chartres, mais n’oublie pas de rester poli
Il a été ceinturé par un homme présent dans le local. Il a donné des coups de pied dans les meubles et les présentoirs de jouets, avant d’être jeté dehors. Il a été interpellé par les gendarmes, chez l’un de ses amis qui l’hébergeait.
Après son audition en garde à vue, au cours de laquelle il a affirmé avoir « parfois besoin de me caresser quand je réfléchis », il a été laissé libre et placé sous contrôle judiciaire, en attendant d’être expertisé par un spécialiste.
Quinze jours après, il s’exhibe devant un adolescent de 12 ans, qui rentre de l’école. Devant les juges, les explications de l’homme sont pratiquement inaudibles, ponctuées de « euh » suivis de paroles confuses. Il assure, par ailleurs, ne pas se souvenir précisément de ce qui s’est passé.
L’une des employées du CCAS, qui le connaît depuis longtemps, assure qu’elle avait pressenti les problèmes qu’il finirait par poser :
« Il est en errance depuis longtemps. Malgré nos signalements, nos hiérarchies respectives ne nous ont pas suivies. Si vous le relâchez, il reviendra à Gallardon. On fait quoi ? »
« On laisse tomber ! », lâche la présidente de l’association Gallardon-Solidarité, également membre du CCAS. « On ne peut pas vivre comme ça ! »
En se fondant sur le rapport du psychiatre, la procureure demande l’hospitalisation d’office du jeune homme. Avec, cependant, une série d’interdictions lorsqu’il ressortira, en particulier celle de revenir à Gallardon « pendant cinq ans ».
Des réquisitions qui font réagir Me Xavier Torré, l’avocat de la défense : « L’éloignement, c’est un cache-misère. Gallardon, c’est son point d’attache. Il ne comprendra pas cette interdiction et il reviendra. Dans cette hypothèse, il serait emprisonné, alors qu’il est déclaré irresponsable. »
Le tribunal a suivi les réquisitions de la procureure. À l’issue de son procès, le jeune homme a été hospitalisé d’office, et il lui est dorénavant interdit de revenir à Gallardon.
Jacques Joannopoulos
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