Voici un tout nouvel éditorial qui va s’additionner à notre revue de presse sur « la justice ».
Le titre suggestif (Facebook attaqué en justice pour discrimination sexiste de ses algorithmes – Libération) condense tout l’éditorial.
Sachez que le rédacteur (annoncé sous le nom d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
Il n’y a aucune raison de ne pas croire de la fiabilité de ces infos.
Texte :
Une femme pilote de ligne ? Un homme auxiliaire petite enfance ? Très peu pour Facebook. La Fondation des Femmes, l’association Femmes Ingénieures et l’ONG Global Witness ont annoncé, ce lundi 12 juin, dans un communiqué avoir saisi la Défenseure des droits et la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) de «deux plaintes relatives à la discrimination sexiste opérée par les algorithmes de Facebook». Le réseau social a été mis à l’épreuve à deux reprises en mars 2022 et avril 2023 par Global Witness. Cinq publicités «à l’intitulé et au contenu volontairement neutre» ont été créées et publiées par l’ONG pour valoriser des offres d’emploi à des postes de secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire petite enfance, psychologue et responsable d’une structure informatique. La diffusion et le ciblage de l’audience étaient, eux, totalement soumis aux algorithmes de Facebook.
Résultat : 94 % des personnes ayant vu l’annonce pour le poste d’auxiliaire petite enfance étaient des femmes, 92% pour celui de secrétaire et 80 % pour le poste de psychologue. A contrario, la publication pour l’emploi de pilote de ligne a été présentée à 85 % d’hommes quand celle de responsable d’une structure information a touché 68 % d’internautes masculins. «Lors de la publication d’offres d’emploi sur Facebook, l’algorithme du réseau social opère a posteriori une discrimination sexiste et stéréotypée dans les personnes cibles», dénoncent les trois associations dans leur communiqué. De quoi renforcer encore les représentations genrées enfermant 70% des femmes dans des métiers «féminisés» et 64% des hommes dans des métiers «masculinisés», selon une étude du Ministère du travail publiée en 2021.
Discrimination a posteriori
La discrimination opérée par ces lignes de code est «illégale» pour les associations et d’autant plus inquiétante que le recrutement par le biais des réseaux sociaux devient de plus en plus courant. «Aujourd’hui, 53 % des PME déclarent utiliser le recrutement en ligne et 82 % des demandeurs d’emploi cherchent à se faire recruter via les réseaux sociaux», avance le trio. La diffusion de publicités pour les offres d’emploi se doit donc d’être exemplaire sur les enjeux d’égalité d’accès à l’emploi. «Les tests montrent que les algorithmes de Facebook écartent a posteriori et contre la volonté des recruteurs les femmes d’opportunités d’emploi qui sont par ailleurs mieux rémunérées», est-il souligné.
Les associations activent deux leviers pour alerter sur les risques de ces biais sexistes : la reconnaissance d’une discrimination à l’embauche fondée sur le sexe auprès de la Défenseure des droits et l’infraction potentielle à la RGPD (règlement général sur la protection des données) qui exige un traitement des données loyal auprès de la CNIL. Nicole Engerran, responsable de la Commission Numérique de Femmes Ingénieures, commente dans le communiqué : «En réalité, ces algorithmes se comportent comme des opinions intégrées à des programmes. Or, celles-ci peuvent conduire à des pratiques discriminatoires. Les résultats des tests montrent qu’il est urgent de mettre fin à la distinction automatique en ligne fondée sur le sexe dans l’accès à l’emploi.» Omniprésents dans nos vies, il s’agirait désormais de faire des algorithmes des alliés de l’égalité. Un combat passant avant tout par une diversification des équipes qui les codent. Selon un rapport du Forum économique mondial de 2018, seulement 22 % des professionnels de l’intelligence artificielle sont des femmes.
Bibliographie :
Care, justice et dépendance,Ouvrage .
L’Accès à la justice,A voir et à lire. .
Petit traité de l’écrit judiciaire 2008-2009,(la couverture) .